Page:Rodenbach - Les Tristesses, 1879.djvu/60

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.



 


Lorsque j’ai travaillé, pensif, sur mon pupitre
Tout le jour, sans voir même éclater à la vitre
Le rayon tiède et clair du soleil automnal,
Je m’arrache parfois à mon logis banal
Et, tout entier au rêve ardent qui m’accompagne,
Je m’en vais lentement le soir vers la campagne.

Le faubourg est bruyant par où je dois passer :
Au fond des cabarets on s’apprête à danser,
Et les orgues déjà préludent aux quadrilles ;
Les écoliers, rentrés de classe, jouent aux billes,
Et les femmes, qui sont sur des chaises de bois,
Allaitent leurs enfants en épluchant des noix.

Je marche en me hâtant pour quitter la banlieue,
Et, sans presque y songer, je fais toute une lieue