Page:Rodenbach - Les Vies encloses, 1896.djvu/115

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V

Les glaces sont les mélancoliques gardiennes
Des visages et des choses qui s’y sont vus ;
Mirage obéissant, sans jamais un refus !
Mais le soir leur revient en crises quotidiennes ;
C’est une maladie en elles que le soir ;
Comment se prolonger un peu, comment surseoir
Au mal de perdre en soi les couleurs et les lignes ?
C’est le mal d’un canal où s’effacent des cygnes
Que l’ombre identifie avec elle sur l’eau.
Mal grandissant de l’ombre élargie en halo
Qui lentement dénude, annihile les glaces.