Page:Rodenbach - Les Vies encloses, 1896.djvu/124

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IX

Le malade pensif est si loin de la vie
Et pour ses yeux la vie autrement signifie ;
Comme tout s’est fané soudain, et quel recul !
Il voit dans leur aspect d’éternité les choses.
Était-ce bien la peine alors d’aimer les roses ?
Et comme tout, vraiment presque tout, semble nul !

Il est si loin, si par delà le paysage ;
Si haut, comme monté sur un clocher sans âge,
Comme enfin parvenu parmi de vierges monts.
Ah ! qu’il prend en pitié tout ce que nous nommons
Nos passions, nos buts, nos devoirs, nos mobiles ;
Que les arbres, en bas, lui paraissent débiles !