Page:Rodenbach - Les Vies encloses, 1896.djvu/135

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Lumières qu’on dirait la fuite d’un flambeau ;
Rayon brusque par qui les glaces semblent nues ;
Étincelles qui s’en viennent on ne sait d’où ;
Or sorti d’un bouquet, projeté d’un bijou ;
Phosphorescence de l’ombre ; clarté qui rôde ;
Feux follets brefs ; scintillement intermittent…
Le malade les suit et son émoi s’en brode.

Mais ces frêles clartés ne durent qu’un instant,
Gouttelettes de couleur qui sont vite bues,
Car c’est d’elles que les ténèbres sont embues ;
Le malade pourtant de ses yeux les atteint
— Papillons épinglés à travers la nuit noire –
Et fixe ces lueurs au vol trop vite éteint
Sous le verre silencieux de sa mémoire.

Maintenant, c’est l’émoi plus subtil des odeurs !
Soudain la chambre close est toute viciée
Par on ne sait quels aromes lourds et rôdeurs ;
Puis flotte une senteur qui semble émaciée
Et si faible qu’elle est sur le point de mourir ;