Page:Rodenbach - Les Vies encloses, 1896.djvu/175

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X

En l’eau tiède des yeux tranquilles combien j’ai
Souvent, le soir, plongé mon visage et nagé
Dans leur silence, vers une rive inconnue !
Mon âme s’y sentait toute légère et nue
Et délivrée enfin des pesanteurs du corps.
Autour d’elle, pas même un cercle de ces moires
Qui dans l’eau, pour un souffle, un éveil de nageoires,
S’élargissent comme les sons mourants des cors.

Nul trouble dans les yeux à cause de mon âme,
Tant elle nage doux, tant elle insiste peu,
Et soudain se libère en leur infini bleu,