Page:Rodenbach - Les Vies encloses, 1896.djvu/188

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XVI

Yeux d’aveugles : ils sont tristes, l’air d’une plaie ;
Yeux nuls, sans effigie ; étain qui se délaie ;
Yeux d’aveugles : jardins où la vie a neigé ;
Yeux plus vitreux que ceux des morts. Ah ! qu’ils sont tristes,
Nus comme les tonsures des séminaristes ;
Eau d’un canal que nuls bateaux n’ont imagé ;
Patènes qui jamais ne mireront la messe
Et les cierges et des lèvres d’enfants de chœur.
Veilleuses sans clarté. Fioles sans liqueur.
Depuis quand ? Sont-ils nés dans cette ombre ? Ou bien n’est-ce
Qu’un obscurcissement graduel – tel le soir ;
Ou l’usure – tel un tissu réincorpore
Les roses