Page:Rodenbach - Les Vies encloses, 1896.djvu/190

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XVII

J’ai gardé dans mes yeux, comme un thésauriseur,
L’or des moissons ; l’or des chevelures ; un site
Dont mon âme fut seule à savoir la douceur ;
Un couchant dont le rose à mon gré ressuscite ;
Puis tels cygnes au clair de la lune nageant,
Des cygnes de qui l’aile a la forme des harpes,
Harpes de Lohengrin aux musiques d’argent.

J’ai gardé dans mes yeux de bleuâtres écharpes,
Vapeurs d’étangs, brouillards que la pluie a brochés,
Et d’où montent des fonds de ville, des tourelles
Qu’une guirlande, en fer, d’angélus lie entre elles…
Et je marche portant dans mes yeux ces clochers