Page:Rodenbach - Les Vies encloses, 1896.djvu/191

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Vus un soir en voyage au bout du crépuscule.
J’y garde encor des ciels, des arbres et de l’eau ;
Des femmes que l’absence au fond de l’œil accule,
Toutes tristes comme des lis dans un préau ;
Puis des noces en blanc, des baptêmes, la moire
Sous la brise, d’un vieux canal horizontal…

Or, ces reflets dans l’œil, c’est toute ma mémoire ;
Un souvenir plutôt physique que mental :
Réverbérations d’enfance et de voyages,
Dessins figuratifs des heures qui s’en vont,
Survivances toutes visuelles qui font
De mes yeux comme un grand reliquaire d’images !