Page:Rodenbach - Les Vies encloses, 1896.djvu/193

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Elle se heurte à des banquises de froideur :
Climats gelés, glaçons, brouillards, régions grises ;
On navigue soudain sous un rouge équateur :
Flammes d’orgueil, corail sanguin de la luxure,
Feux convergeant de fleuves chauds qu’on ne voit pas.
Que d’embûches cachait ce piège qui s’azure !

L’âme est désemparée en de muets combats
Et bientôt se mutile, abandonnant ses voiles,
Vidant ses filets noirs de sa pêche d’étoiles,
Sacrifiant ses mâts pour se sauver un peu,
Jetant cargaison, or, tout, dans l’abîme bleu !

Enfin, un soir que c’est la fin de sa jeunesse,
L’âme s’amarre ; elle est édifiée et cesse
D’appareiller parmi les beaux yeux spacieux…

Ah ! ce leurre d’aller voyager dans les yeux !