Page:Rodenbach - Les Vies encloses, 1896.djvu/202

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Ah ! les vitres, toujours reprises par la Vie,
Qui, reflétant la vaine ivresse du départ,
Sont complices du ciel en marche qui convie,
Comme s’il y avait le bonheur autre part !

Tentation dans les vitres fallacieuses
Qui propagent, en l’ombre intime des maisons,
La vagabonde humeur des changeants horizons
Et leurs roses et leurs flammes silencieuses.

Et tu souffres, pauvre âme enclose, qui songeais
Dans le sage insouci des âmes qui renoncent,
Car les vitres qui s’éclaircissent ou se foncent
S’emplissent de l’ardeur fiévreuse des projets.

Les vitres ont trahi ! Demeures mal gardées !
Mais les vitres déjà, pour avoir accueilli
Les vieux couchants, ont pris soudain un air vieilli,
Courtisanes que les nuages ont fardées !