Page:Rodenbach - Les Vies encloses, 1896.djvu/211

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VI

L’aube a déchiré l’ombre et commence d’éclore,
D’un mauve de prélude enflé jusqu’au lilas ;
S’étant taillé des nuages en falbalas,
Elle se décolore, elle se recolore.
Alors c’est le miracle opéré comme un jeu :
Le ciel est tout à coup une plaine de brume ;
Une église à vitraux qu’un peu d’encens enfume ;
Le ciel est un bûcher de lis qui sont en feu ;
Dans des tulles en fleur, le jour naissant s’infuse ;
Puis il descend du ciel une fraîcheur d’écluse…
Et, comme l’eau tombant qui s’engendre de soi,
Des vapeurs ont jailli par chutes graduées,