Page:Rodenbach - Les Vies encloses, 1896.djvu/212

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Telle une cataracte aux liquides nuées.
L’horizon se recueille, un moment se tient coi,
Mais voici qu’à nouveau la jeune aube irradie ;
Elle achève la nuit sous sa clarté brandie
Et tend dans l’air de clairs tissus en espalier ;
La lune, au fond, se dédore comme une icône.
Quelle chimie en fièvre a su multiplier
Ces affluents de rouge et ces halos de jaune
Comme si l’aube avait délayé l’arc-en-ciel ?

Explosion de la jeunesse ! L’aube exulte,
Puis se calme ; et bientôt, assagie, elle sculpte
Des nuages dans l’or uni d’un ciel de miel !