Page:Rodenbach - Les Vies encloses, 1896.djvu/217

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IX

La lune m’a hanté d’un paysage blanc,
Pays immaculé dont la candeur enjôle,
Terre anormale et qui scintille en assemblant
Un climat d’île chaude et la blancheur du pôle.
Unanime blancheur : des rivières de lait,
Tout opaques, que ne maquille aucun reflet ;
Rien que des lis, sans papillon qui les obsède ;
Des collines d’une neige qui serait tiède ;
Des roseaux écorchés dont la moelle est à nu
Pour avoir l’air dans l’air d’une moisson de cierges.
Ô lune ! pays blanc d’où je suis revenu,
Fou d’avoir traversé votre dortoir de vierges !