Page:Rodenbach - Les Vies encloses, 1896.djvu/218

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X

Torpeur de certains soirs à la fin de l’été !
Le ciel brûle, il est en fièvre, rouge et livide !
Il est mélancolique et plein d’anxiété
Comme, après la musique, un jardin qui se vide.
L’aspect en change à tout instant – telle la mer ;
Mais le ciel est solide ; on dirait une chair
Que tourmente à cette heure une pensée impure,
Délire de malade et cauchemar du soir.
L’astre, comme une plaie, au bas du ciel, suppure…
Qu’est-ce qui va venir et qu’est-ce qu’on va voir ?
Le ciel de plus en plus est tragique ; il bouscule
Les nuages, comme un fiévreux ses oreillers ;