Page:Rodenbach - Les Vies encloses, 1896.djvu/234

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Jardins obscurs comme un chaos
Où des amours non abouties
Vivent encor, mais les yeux clos.

Ah ! tant d’images décaties !
Et tout ce beau froment en vain
Qui rêvait d’être des hosties.

Sombre royaume souterrain,
Labyrinthe d’inconscience,
C’est là qu’on est un peu divin…

Un rêve y dure, un vœu s’élance ;
Un espoir vit, quoique déçu ;
Un reflet à l’eau se fiance ;

Et cela bouge à mon insu
Dans ce clair-obscur de moi-même :
Tout un Univers mal conçu,

Et tout des songes sans baptême !