Aller au contenu

Page:Rodenbach - Les Vies encloses, 1896.djvu/239

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


Effroi d’entrer dans cette ville, de descendre
Dans cette mer ; enfin de tout voir et savoir :
D’un ancien amour mort, ce qui reste de cendre ;
Ce qui subsiste de reflets dans le miroir.

On ne connaît qu’un peu de soi, quelques pensées
Qu’on croit mener comme un berger bien obéi,
Mais c’est la lune, au loin, qui les a recensées
Et qui les conduit paître en son jardin bleui.

On ne sait que le bord de l’âme, quelques rêves,
Un peu de flots venus au-devant de nos mains ;
Tandis qu’à l’infini se prolongent les grèves…
Des plongeurs ont cherché les trésors sous-marins.

L’âme entend par moments des bruits ; elle soupçonne
Que c’est sa Destinée en marche à son insu
Qui circule parmi la Ville Bleue et sonne
Les cloches, pour un deuil qu’elle n’aura pas su.