Page:Rodenbach - Les Vies encloses, 1896.djvu/68

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X

Aux heures de soir morne où l’on voudrait mourir,
Où l’on se sent le cœur trop seul, l’âme trop lasse,
Quel rafraîchissement de se voir dans la glace !
Eau calme du miroir impossible à tarir ;
On y s’oublie ; on y dérive ; on y recule…
Oh ! s’en aller dans le miroir réfrigérant
Périr un peu comme en une eau de crépuscule,
Une eau stagnante, une eau sans but et sans courant
Où le visage nu sombre à la même place.
On se poursuit soi-même, on se cherche, on se perd
Dans le recul, dans la profondeur de la glace ;
On s’y découvre encor, mais comme recouvert