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Page:Rodet - L’algèbre d’Al-Khârizmi et les méthodes indienne et grecque.djvu/16

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gèbre des conceptions d’une généralité et d’une élévation que nous sommes tout étonnés de trouver chez eux à une époque où l’Occident tout entier se traînait encore dans des considérations étroites et absolument terre à terre. Ces idées leur seraient-elles venues, soit directement, soit par l’intermédiaire des Perses, de Babylone où les découvertes modernes, d’accord avec la tradition historique, nous font entrevoir que les connaissances mathématiques avaient atteint déjà un degré de perfectionnement assez remarquable ? La chose est possible ; mais en tout cas les Indiens auraient su s’assimiler ces connaissances et nous les conserver, ce qui constituerait à soi seul un assez beau titre de gloire pour l’école indienne.

2° On a fait valoir en faveur de l’origine indienne de l’algèbre d’Âl-Khârizmi ce fait que Diophante, le seul auteur grec à nous connu qui ait écrit sur cette science, n’a été traduit en arabe que postérieurement, à Mohammed ben Mouça. Mais d’abord, de ce que Diophante n’était pas traduit en arabe, il n’en résulte pas d’une manière absolue qu’il n’ait point été connu dans l’empire des Khalifes, et notre auteur aurait pu lire ce traité soit en syriaque, soit peut-être en pehlevi, soit même en grec. Puis, d’un autre côté, il est bien établi aujourd’hui que Diophante n’est pas l’inventeur de l’algèbre : son livre n’est pas un traité didactique d’un art nouveau, mais simplement une application de cet art à la solution de certains problèmes de la théorie des nombres, et les éléments d’algèbre qui se trouvent dans son introduction ne sont