nais de la reconnaître, monsieur, c’était bien elle ; la malheureuse venait de sauver sa rivale ! »
M. de Boullogne se leva : un bruit venait de se faire entendre vers l’une des portes vitrées de l’appartement ; ce bruit avait la vibration d’un soupir…
— Y a-t-il ici quelqu’un ? s’écria le vieillard, alarmé.
— Personne, je vous jure, répondit paisiblement Saint-Georges, tout en ayant soin de se placer devant la porte vitrée…
— Le lendemain de cette nuit, la négresse, reçut l’ordre de s’éloigner à jamais de l’habitation des Palmiers ; quelques pièces d’or tombées dans sa main me parurent une récompense. Bien qu’on lui eût fait jurer de se taire, je craignis ses indiscrétions, ou peut-être mieux le remords attaché à sa présence… On la dirigea vers l’habitation de la Rose, qui m’appartenait à Saint-Domingue.
» Dans ce pèlerinage, elle emmenait son enfant, voué comme elle à l’abandon et à l’oubli !
» Mme de Langey avait donné le jour à un fils sur lequel ne tardèrent pas à se concentrer ma joie et mes espérances. L’enfant de l’esclave ne m’eût semblé qu’un obstacle, celui-ci fut reçu par moi comme un bienfait. Tout ce qu’un créole peut désirer, ce fils bien-aimé l’obtint ; tout l’amour que je refusais à son frère, il s’en empara dès le berceau. Il eut une maison, des serviteurs, une jeunesse de prince ! Rien ne s’opposa plus bientôt à ce que je l’adoptasse moi-même et le pressasse sur mon cœur comme mon fils,