temps, je partis ; ce fut pour moi un moment terrible. Il y a sept ans, et je m’en souviens encore !
« De retour chez moi, je trouvai mon habitation en grand tumulte. Une portion de mes noirs avait déserté, m’enlevant le fruit de ma récolte ; ils avaient gagné le Fondo-Negro, où ils s’étaient retranchés. J’écrivis aux autorités ; on me fournit des hommes, des chevaux ; bientôt je me mis à la poursuite des fuyards. Ils n’étaient allés heureusement qu’à petites journées, traînant après eux le plus de parties métalliques possible, afin de les réduire en lingots. Ils me supposaient encore absent, et j’en rencontrai tout à coup bon nombre sur la route qui revenaient impudemment la nuit pour me voler le reste des mines. Je fis feu sur eux le premier, les soldats de la garnison m’imitèrent. Dans leur grossière ignorance, plusieurs de ces malheureux avaient avalé des parcelles d’or pur, d’autres les avaient cachées soigneusement sous leur chevelure crépue. J’appris bientôt que ces soulèvemens et ces larcins n’avaient été dus qu’à l’influence de certains exemples contagieux dans le nord de la partie française. Je fis mettre les fers aux pieds des plus dangereux, et je les contins par la crainte. Seulement, il me fallut me remettre au travail comme si je n’eusse rien fait, rétablir mes affaires et surveiller de près ma fortune menacée. Je ne quittais plus mes orpailleurs d’un seul instant, le jour et la nuit j’étais avec eux. Au milieu de cet esclavage réel, une seule pensée me soutenait, celle de vous revoir, de vous rapporter le fruit de mes veilles. Le peu de lettres que vous m’écriviez me donnait la fièvre : je vous