Célestine. Dieu vous garde ! vous me verrez demain ; ma mante et ma réponse viendront à la fois, puisque le temps ne l’a pas permis aujourd’hui ; calmez-vous, seigneur, et pensez à autre chose.
Calixte. Je ne le puis, ce serait une hérésie d’oublier celle qui me fait aimer la vie.
ACTE SEPTIÈME
Célestine. Parmeno, mon fils, pendant tout ce qui s’est passé, je n’ai pas trouvé le temps de te dire et de te prouver l’amour que je te porte ; et en vérité, en ton absence et jusqu’à ce jour, tous ceux à qui j’ai parlé de toi ne m’en ont entendue dire que du bien. La raison, tu ne l’ignores pas, je te regardais au moins comme mon fils adoptif. Aussi je croyais que tu te conduirais comme si tu l’étais ; et tu m’en récompenses, en ma présence et devant Calixte, en blâmant tout ce que je dis, en chuchotant et en murmurant contre moi. Je ne pensais pas, dès que tu avais paru te rendre à mes conseils, que tu te serais tourné d’un autre côté. Il me semble qu’il te reste encore quelque sotte vanité, car tu parles par fantaisie plutôt que par raison, tu renonces au profit pour contenter ta langue. Écoute-moi donc si tu ne m’as pas écoutée, et pense que je suis vieille ; le bon conseil est le fait des vieillards, le plaisir appartient aux jeunes gens. Je crois que l’âge seul est coupable de ta faute ; j’espère en