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Page:Rojas - Lavigne - La Celestine.djvu/14

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de situations vraisemblables et intéressantes, animée par l’expression des caractères et des sentiments, par une fidèle peinture des mœurs nationales, par un dialogue abondant en expressions comiques, fut l’objet des études de tous ceux qui, dans le seizième siècle, écrivirent pour le théâtre…… C’est l’œuvre la plus classique peut-être qu’ait produite la littérature espagnole. »

C’était le premier tableau des mœurs de l’époque, le premier écrit où, quittant les hautes régions de la poésie et de l’imagination, l’écrivain espagnol se prenait à faire une peinture d’actualités, et c’est encore, sous ce rapport, un monument curieux.

Demi-drame et demi-roman, nouvelle dramatique, comme l’appelle Moratin, véritable modèle de diction dans ce genre, conte plein de verve et d’observation, la Célestine est une suite de leçons morales à l’usage de la jeunesse, un recueil d’admirables sentences entremêlées de détails assez peu moraux, un cadre dans lequel sont exposés avec un merveilleux esprit les périls de l’amour, les funestes conséquences de la passion, les intrigues des entremetteuses, les perfidies des valets ; enfin un cours expérimental dans lequel se déroulent les traverses, les plaisirs, les joies, les douleurs d’un jeune seigneur espagnol, qui se ruine par amour et se fait aider dans cette œuvre facile par tout ce qui l’environne.


La Célestine fut achevée vers l’année 1492 et pendant le célèbre siége de Grenade[1]. C’était longtemps avant cette époque, selon un grand

  1. Cette date non contestable résulte d’une allusion à ce grand fait de guerre dans le troisième acte : « Qu’on te dise :