nous vers sa maison, elle ne pourra pas éviter le mat. C’est là le moins que je veuille faire pour toi.
Parmeno. Je désespérais déjà de l’obtenir, car jamais elle ne m’a laissé profiter de quelques occasions de lui parler, et comme on dit : « C’est mauvais signe d’amour que fuir et tourner le dos, » cela m’avait ôté toute confiance.
Célestine. Je m’inquiète peu de ce découragement ; tu ne me connaissais pas alors et tu ne savais pas comme aujourd’hui que tu as sous la main une maîtresse passée en semblables affaires. Tu verras tout à l’heure qu’autant tu es nécessaire à ma cause, autant je puis t’être utile auprès de ces femmes, et bonne en matières d’amour. Va doucement, voici sa porte ; entrons sans bruit, afin que ses voisines ne nous entendent pas. Arrête-toi, attends au bas de cet escalier, je vais monter pour voir ce qu’il y a à faire, et peut-être trouverons-nous mieux que ni toi ni moi ne pensons.
Areusa. Qui va là ? qui monte dans ma chambre à pareille heure ?
Célestine. Une femme qui ne te veut pas de mal, qui ne fait pas un pas sans penser à ton profit, qui s’occupe plus souvent de toi que d’elle-même, une femme qui t’aime, toute vieille qu’elle est.
Areusa, à part. Qu’elle aille au diable, cette vieille, qui arrive à cette heure comme un fantôme ! (Haut.) Bonne mère, quel bon motif t’amène si tard ? Déjà je me déshabillais pour me coucher.
Célestine. Avec les poules, ma fille ? Ce n’est pas ainsi que se fera ta fortune. Te promener à pareille heure, passe. Il est autre que toi, celui qui pleure sur ses besoins ; belle vie que la tienne, chacun la voudrait pour soi.
Areusa. Jésus ! je vais me rhabiller, car j’ai froid.
Célestine. Ne le fais pas, sur ma vie ; couche-toi plutôt, de là nous causerons.