menaient ces jeunes filles ; il me semble presque que j’y suis en ce moment. Le but de ma venue, bonne mère, puisqu’il faut que tu le saches, est de te demander la ceinture. De plus, ma maîtresse te prie d’aller la voir sans aucun retard, parce qu’elle se sent très-fatiguée de faiblesses et de douleurs de cœur.
Célestine. Ma fille, de semblables petites maladies font plus de bruit que de mal. Je suis étonnée qu’une personne aussi jeune souffre déjà du cœur.
Lucrèce, à part. Le démon t’emporte, traîtresse, comme tu ne sais pas ce que c’est ! La vieille fait ses coups, s’en va, et puis fait l’ignorante.
Célestine. Que dis-tu, ma fille ?
Lucrèce. Mère, hâtons-nous et donne-moi le cordon.
Célestine. Partons, je l’ai sur moi.
ACTE DIXIÈME
Mélibée, seule. Malheureuse et imprudente que je suis ! n’aurais-je pas mieux fait d’accorder hier à Célestine ce qu’elle me demandait quand elle vint me prier au nom de ce seigneur (dont la vue m’a captivée) ? N’aurais-je pas mieux fait de le satisfaire et, par ce moyen, de me guérir moi-même, plutôt que d’être