Mélibée. Sortez d’ici promptement.
Lucrèce. Hélas ! tout est perdu ! Je sors, madame.
Célestine. Malgré vos craintes et vos soupçons, vous avez déjà accepté une partie de mes conseils, cela me donne du courage ; mais il me faudra tirer mes soins les plus positifs, mon remède le plus efficace de la maison de ce cavalier, de Calixte.
Mélibée. Tais-toi, mère ; au nom de Dieu, ne tire pas la moindre chose de sa maison pour mon utilité et ne le nomme pas ici.
Célestine. Souffrez avec patience, madame, c’est là le point le plus important ; ne vous emportez pas, sinon toute notre peine sera perdue. Votre douleur est grande, il lui faut une cure sévère ; aux grands maux les grands remèdes. Les sages disent que les soins d’un médecin brutal ont le meilleur résultat et que jamais on n’évite un péril sans un autre péril. Ayez patience, rarement ce qui est ennuyeux se guérit sans ennui ; un clou chasse l’autre, une douleur remplace une autre douleur. N’ayez ni haine ni dédain ; ne permettez pas à votre langue de dire du mal d’une personne aussi vertueuse que Calixte. Si vous le connaissiez…
Mélibée. Oh ! pour Dieu ! tu me tues ! Ne t’ai-je pas dit de ne pas louer cet homme, de ne me le nommer ni en bien ni en mal ?
Célestine. Madame, c’est là un second point important. Si votre peu de patience ne me l’accorde pas, ma venue vous sera peu profitable ; si vous restez calme, comme vous me l’avez promis, vous vous trouverez guérie et sans dette : Calixte sera sans reproche et payé. Je vous ai prévenue d’avance, je vous ai parlé de cette aiguille invisible que vous ressentez sans que je vous touche, rien qu’à m’entendre le nommer.
Mélibée. Tu me parles tant de fois de ce cavalier que, malgré ma promesse, malgré la parole que je t’ai