Page:Rojas - Lavigne - La Celestine.djvu/199

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se mettre au lit. Parmeno et Sempronio se rendent chez Célestine et lui réclament leur part du gain ; Célestine refuse, ils se mettent en colère, portent la main sur Célestine et la tuent. Élicie pousse des cris ; la justice vient pour les arrêter tous deux.


CALIXTE, SEMPRONIO, PARMENO, LUCRÈCE, MÉLIBÉE, PLEBÈRE, ALISA, CÉLESTINE, ÉLICIE.

Calixte. Amis, quelle heure vient de sonner ?

Sempronio. Dix heures.

Calixte. Oh ! combien je suis mécontent de l’inattention de ces hommes ! Que de choses il y aurait à dire de ma grande vigilance pendant toute cette nuit et de ta négligence inconcevable ! Comment ! étourdi, tu sais combien il m’importe qu’il soit dix ou onze heures, et tu réponds au hasard ce qui te vient à la bouche ! Si malheureusement j’avais dormi, tout aurait dépendu de la réponse de Sempronio, qui pour onze compte dix et pour douze aurait compté onze. Mélibée serait venue, je ne me serais pas trouvé là, elle serait rentrée ; de cette manière, ma peine n’aurait pas eu de fin ni mon désir d’exécution ; on a raison de dire que bonheur ou malheur tiennent à un cheveu.

Sempronio. Il me semble qu’il n’y a pas moins de mal à demander ce qu’on sait, qu’à répondre ce qu’on ignore. Il serait mieux, seigneur, d’employer l’heure qui nous reste à préparer des armes, plutôt qu’à chercher sujet de querelles.

Calixte, à part. Il a raison l’imbécile, je ne veux pas me fâcher dans un tel moment ; il faut penser non à ce qui aurait pu arriver, mais à ce qui existe ; non au mal qui aurait pu résulter de sa négligence, mais au profit que me procurera ma sollicitude ; j’aurais tort de céder à la colère, il faut la laisser se calmer. (Haut.) Parmeno, descends mes cuirasses et armez-