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Page:Rojas - Lavigne - La Celestine.djvu/212

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c’est une vieille carogne ; je ne veux pas lui donner le temps d’inventer quelque défaite pour nous en frustrer.

Parmeno. Tu as raison, je l’avais oublié ; allons-y tous deux, et si elle veut en essayer, épouvantons-la de manière qu’elle s’en repente. En affaires d’argent, il n’y a pas d’amitié.

Sempronio. Chut, chut ! tais-toi, elle dort près de cette fenêtre. Tac, tac. Dame Célestine, ouvre-nous.

Célestine. Qui frappe ?

Sempronio. Ouvre, ce sont tes fils.

Célestine. Je n’ai pas de fils qui courent à pareille heure.

Sempronio. Ouvre-nous, à Parmeno et à Sempronio ; nous venons ici pour déjeuner avec toi.


Célestine. Oh ! les fous, les étourdis ! Entrez, entrez ; que venez-vous faire à cette heure ? Il fait jour à peine. Qu’avez-vous fait ? Que vous est-il arrivé ? Calixte a-t-il perdu l’espérance ? L’a-t-il conservée ? Comment est-il ?

Sempronio. Comment, mère ? sans nous déjà son âme serait à chercher un repos éternel. Si on pouvait évaluer l’obligation qu’il nous a, son bien ne suffirait pas pour payer cette dette, si toutefois il est vrai, comme on le dit, que la vie et la personne sont de plus de valeur qu’aucune chose de ce monde.

Célestine. Jésus ! dans quelle position vous êtes-vous donc trouvés ? Conte-le-moi, pour Dieu !

Sempronio. Une position telle que, sur ma vie, le Sang me bout dans le corps rien qu’à y penser.

Célestine. Calme-toi, pour Dieu ! et dis-le-moi.

Parmeno. Tu lui demandes beaucoup, tant nous sommes troublés et fatigués de la colère que nous avons ressentie. Tu ferais mieux de nous préparer à