Page:Rojas - Lavigne - La Celestine.djvu/264

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Mélibée. Ô triste événement ! n’y va pas sans ta cuirasse, reviens t’armer.

Calixte. Amie, ce que ne peuvent faire une épée, un manteau et un cœur, une cuirasse, un morion et la lâcheté ne le feront pas.

Sosie. Vous voilà encore ? Attendez, et si vous venez pour me tondre, peut-être vous en irez-vous tondus.

Calixte. Laisse-moi, pour Dieu, ma bien-aimée, l’échelle est posée.

Mélibée. Ô malheureuse que je suis ! Pourquoi courir avec tant de courage et d’impatience, mais sans armes, te mettre en présence de gens que tu ne connais pas ? Lucrèce, viens vite ici ; Calixte est parti parce qu’il a entendu du bruit ; jetons-lui sa cuirasse par-dessus le mur, elle est restée ici.

Tristan. Arrêtez-vous, seigneur, ne descendez pas, ils sont partis ; ce n’était que Traso le boiteux et d’autres coquins qui passaient en vociférant ; ils s’en vont. Tenez-vous seigneur, tenez-vous à l’échelle avec les mains123.

Calixte. Ah ! la sainte Vierge me protège, je suis mort ! Confession !

Tristan. Viens vite, Sosie, notre pauvre maître est tombé de l’échelle, il ne parle ni ne bouge.

Sosie. Seigneur, seigneur ! À d’autres. Il est aussi bien mort que mon aïeul. Quel grand malheur !

Lucrèce. Écoutez, écoutez, il y a quelque triste événement.

Mélibée. Qu’est-ce que cela ? Qu’entends-je ? Malheureuse que je suis !

Tristan. Ô mon seigneur, qui êtes mort maintenant ! mon seigneur, qui vous êtes tué ! Ô triste mort sans confession ! Sosie, recueille sa cervelle au milieu de ces pierres, réunis-la à la tête de notre malheureux maître. Ô jour de mauvais augure ! ô fin prématurée !