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Page:Roland Manon - Lettres (1780-1793).djvu/1000

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mais je n’ai obtenu que de pauvres raisons en réponse des bonnes vérités que je lui ai dites et qu’il lui a fallu rembourser malgré la dignité du sacerdoce[1].

Après huit jours de tonnerre, le froid est venu nous saisir, déjà il me raidit tellement les doigts, que j’ai quelque peine à conduire ma plume. Dans cette brusque alternative, comment aurez-vous trouvé de beaux jours pour la tournée que vous préméditiez ? J’imagine que Lanthenas aurait saisi le moment de vous accompagner à Montpeyrou[2] s’il se fût trouvé ici à la réception de l’avis et de l’invitation que vous nous communiquez ; mais je ne sais trop quelle sera sa marche ultérieure.

Il y a ici une lettre de Brissot pour lui ; je n’ai rien tenté de lui faire passer à Lyon, parce qu’il doit revenir avec notre ami et que j’ignore leur moment. Si vous étiez actuellement près de moi, ce ne serait pas au volant ou à la promenade que je vous ferais accorder vos loisirs ; mais, en vous faisant partager la surveillance de la récolte, de la cave et de mille préparations champêtres, je vous ferais faire le noviciat de votre vie future. Puissiez-vous découvrir une retraite charmante où vous établissiez en paix votre tabernacle, près des amis qu’il serait si doux de réunir, et non loin de ceux qui, déjà fixé, voudraient du moins pouvoir aisément être visités et vous aller voir eux-mêmes.

Nous avons reçu dernièrement une petite mauvaise brochure de vieille date, en réponse à notre adresse, Aux amis de la vérité, dont elle est une grossière critique, assaisonnée de mensonges impudents, de sottises de différents genres, le tout anonyme, comme de raison, ou pseudonyme, pour mieux dire, car il y a un nom fabriqué en l’air[3]. C’est une de ces productions calomnieuses qu’on n’a pas même de mérite à dédaigner, quoiqu’elles puissent abuser peut-être quelques sots comme il y en a tant. Brissot parait avoir profité de ce que vous lui avez marqué de l’engourdissement de Lyon ; il a fait un article où il le relève, en donnant un coup de Jarnac à Imbert[4].

  1. Ces deux derniers mots ont été biffés sur l’autographe.
  2. Montpeyroux, abbaye commendataire de Cisterciens, en Auvergne, de 3,000 livres de revenu (France ecclés. de 1786, p. 333), dont Lanthenas, Brissot et les Roland projetaient l’acquisition avec Bancal.
  3. Lettre à M. Roland, ci-devant de La Platière, sur mon opuscule intitulé : Aux amis de la vérité, par Hilarion Simplice Véro, Lyon, 10 août 1790, in-8o, 8 pages (Bibl. de Lyon, fons Coste, no 16947).
  4. C’est l’article du Patriote Français du 6 octobre 1790 : « Lyon. — Des voyageurs