merais avec combien de bonté, d’amitié j’ai été accueillie, avec quel attendrissement j’ai trouvé une mère et des frères[1] à qui j’ai pu adresser les sentiments qu’ils sont faits pour inspirer ; mais mon ami, je ne te dirai rien ; hâte-toi de te réunir à ce que tu as de plus cher au monde ; si j’en juge par mon cœur, il ne manque que ta présence pour nous rendre aussi heureux qu’il soit possible.
Le chanoine a fait ma conquête, je n’ose présumer que j’ai fait la sienne ; mais je sais bien que s’il ne m’aimait un peu, il serait un ingrat ; et ce n’est pas chez les tiens mon ami, qu’on trouve quelqu’un méritant ce reproche !…
Souviens-toi des numéros de loto, pour les billes et pour les cartons. Si tu pouvais apporter des melons, je crois que cela ne serait pas mal. Beaucoup de visites aujourd’hui, beaucoup de questions sur ta santé, etc. Adieu, bonjour, reviens nous embrasser ; nous t’aimons tous ; mais je les défierais bien tous aussi de t’aimer plus que moi qui t’embrasse de tout mon cœur.
Notre cher frère, mon introducteur, l’autre frère, la maman avant tout autre me chargent pour toi de ce que tu sais bien : je t’attends pour m’acquitter. Tu n’oublieras pas mille choses honnêtes pour M. et Mme Roland[2] auxquels notre frère te prie de dire qu’il a remis les dix louis dont il était chargé.
Je n’ai pu trouver encore le moment de t’écrire, ma chère bonne amie, malgré l’extrême envie de me procurer ce plaisir. J’aurais mille choses à t’ex-
- ↑ Sur la famille de Roland, voir Appendice C. Elle se composait, à Villefranche, de sa mère et de ses deux frères, Dominique, chanoine-chantré de la collégiale, l’aîné de la famille, et Laurent, simple prêtre.
- ↑ Branche des Roland, établie à Lyon depuis le commencement du XVIIe siècle.
- ↑ Dauban, II, 434. — La lettre, comme on le verra par la fin, ne fut terminée que le lendemain 29 septembre.