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Page:Roland Manon - Lettres (1780-1793).djvu/1119

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Je ne pense pas que ces observations puissent vous déplaire ; l’unique amour du bien engagerait un homme libre à vous les présenter ; mais, dans la mission dont je suis chargé, j’ai regardé comme un de mes devoirs de vous les offrir. J’aurai sans doute une vive douleur, si je n’obtiens pas ce que la commune de Lyon m’a chargé de solliciter pour elle ; mais je n’aurai sûrement pas de remords, car je n’aurai rien négligé pour atteindre le but, et je pourrai justifier de tous mes efforts.


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[À CHAMPAGNEUX, À LYON[1].]
11 juin 1791, — de Paris.

Il[2] faut que je laisse cours un moment à l’humeur que me donnent les choses ; humeur, ce n’est pas le mot : j’ai de l’indignation.

Il est évident, par ce qui arrive tous les jours, qu’il ne dépend que de vos députés d’obtenir ce dont vous avez besoin. Il est reçu dans l’Assemblée qu’on doit laisser à ceux de chaque département de parler, de demander, de représenter sur ce qui concerne particulièrement leur département, et surtout leur ville, mais qu’on doit aussi les écouter, lorsqu’ils prennent la parole sur ces intérêts qu’ils sont censés bien connaître et avoir droit de défendre. D’après ce principe, cet usage, cette sorte de tactique, comme passée en loi tacite, personne ne se soucie de se mettre en avant pour l’affaire particulière d’un lieu dont les députés ne disent rien ; ce serait une sorte d’injure à leur faire, ce serait rompre un ordre adopté. Si vous joignez à cette raison la préoccupation de chacun, vous concevrez aisément comment, en connaissant divers députés, nous n’en trouvons pas qui veulent rompre

  1. Ms. 6241, fol. 71-72 (Voir Révolution française du 14 août 1895.)
  2. Cette lettre vient, dans le manuscrit, en post-scriptum à une lettre de Roland, que nous ne croyons pas devoir reproduire ici (C’est un règlement de comptes au sujet de ses frais de mission, et qui n’offre aucun intérêt.)