reaux, aux postes comme ailleurs. Cette lettre doit être la cinquième. Adieu, mon ami ; j’espère que nous nous reverrons.
La fatigue m’oblige à rester chez moi, du moins ce matin ; je me propose de vous entretenir sur notre situation présente, quoique j’aie l’intention de ne faire partir ma lettre que demain, car je veux pouvoir vous mander les résolutions de l’Assemblée. Elles vont à peu près décider de nos futures destinées. Les bons citoyens sont dans les alarmes, en considérant la faiblesse de nos représentants ; le peuple est admirablement disposé, mais il est trop confiant et il ne sent pas la nécessité de pousser et de guider ses médiocres législateurs.
On ramène Louis XVI, sa femme, ses enfants et sa sœur. Que doit-on faire d’un roi parjure, qui renonce et trahit ses engagements, viole le contrat dont il tenait son pouvoir, réclame hautement contre les clauses de la transaction, et fuit parmi les ennemis de sa nation pour revenir combattre et subjuguer le même peuple qui lui avait assuré le trône ? Tel est l’important problème qui se présente et qu’il faut résoudre avant l’arrivée de Louis XVI, puisque cette solution doit prescrire la manière de le recevoir et de le traiter. Louis XVI est en route, accompagné de quinze à vingt mille gardes nationales, et, demain matin, il sera dans nos murs.
Monsieur et sa femme sont à Mons ; l’Empereur s’y est rendu ; on s’agite extrêmement sur les frontières, et quels que soient le zèle et la foule de nos gardes nationales, les préparatifs et les munitions nous manquent, ainsi que l’habitude de la discipline, et des chefs habiles et sûrs. Le pays est ouvert et sans défense du côté de la Flandre ; on peut, par les Ardennes, arriver jusqu’à peu de distance de la capitale. M. [Lafayette[2]] a perdu la confiance publique, malgré le zèle aveugle d’un grand parti de sectateurs ; sa conduite est [suspecte], répréhensible ; [on ne doit pas lui conserver son commandement, et ce serait