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Page:Roland Manon - Lettres (1780-1793).djvu/123

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LETTRES DE MADAME ROLAND.

écrire, parce que je ne crois pas devoir mettre plus de délai à témoigner ma sensibilité aux instances remplies d’amitié que me font Mr, Mme Despréaux et M. Cousin qui ont écrit tous trois. Je ne puis répondre cependant à la question principale jusqu’à ce que tu m’aies donné des errements, mais il est facile de rejeter l’indécision sur quelques affaires et de répondre aux honnêtetés. La lettre du frère est aussi singulière, aussi plaisante que lui-même ; beaucoup de petits vers italiens, d’épigrammes sur le petit bétail, de français italianisé, des compliments, etc. ; il demande s’il peut continuer de travailler à la partie de la musique du 6e vol. dont la moitié est déjà composée ; de là, des caractères en souffrance et un peu d’ennui de l’imprimeur ; enfin, il prie qu’on ne renvoie plus le manuscrit sans en avoir daté les lettres, pour éviter tout malentendu. Je n’ai pas compris grand’chose à ceci, je te le donne pour en tirer meilleur parti. Platon et sa femme me pressent d’aller les voir, t’en prient, etc. ; ils m’engagent à déterminer une de nos amies à venir avec moi ; ils ont écrit en même temps à l’aînée ; la proposition ne leur a pas déplu ; la cadette principalement a témoigné tant d’envie de la partie, au cas qu’elle eût lieu, que l’autre lui a cédé la place. Tu m’écriras ce que j’ai de mieux à faire et s’il ne serait pas convenable que je me chargeasse, délicatement, des frais du voyage[1] ; je te jette cette idée comme elle me vient, sans la réfléchir.

M. Le Monnier[2] est venu l’un de ces soirs ; je l’ai trouvé d’une figure heureuse, mais annonçant peu d’activité ; nous avons causé longtemps, je lui crois l’ouïe un peu dure ; il doit me remettre au premier jour les vues de Rome, je m’arrangerai alors pour lui rembourser ses dépenses. J’ai le projet d’aller demain chez Mlle Maleuvre, que je n’ai point encore vue : je ne suis sortie que pour la messe et pour voir, hier matin, tout près d’ici une bibliothèque assez intéressante pour les gravures et

  1. Et Roland de répondre, le 11 février (ms. 6240, fol. 86-87) : « Il n’y a pas de difficulté, mon amie, que tu doives faire la dépense entière en allant à Dieppe. »
  2. Le peintre Anicet-Charles-Gabriel Lemonnier (1743-1824), qui resta un des plus fidèles amis de Roland. — Voir sur lui l’appendice D.