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une tranquillité bien grande ! M. Rome[1] (sic) veut me voir en présence de mes amis, et qu’aucun de ces MM. de la Gironde ni Brissot n’y soit ; il voudra donc bien indiquer quels des autres amis. Ce sera demain même, à dix ou onze heures du matin ; ce sera ce soir à six heures, s’il le veut ; ce serait tout de suite, si je ne craignais que M. Rome ne voulût point se rencontrer avec les personnes que je puis voir ce matin.

Sachez le moment qu’il choisit, les témoins qu’il veut, et dites-lui bien qu’il m’aurait trouvée tout aussi empressée il y a quinze jours qu’aujourd’hui.

Ci-joint la somme, le compte et le billet que vous désirez.

Mille bonjours.


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À LANTHENAS, [À PARIS[2].]
[Novembre ? 1792, — de Paris.]

L’idée de votre situation me poursuit, et je vous trouve bien peu de bonne foi lorsque vous me supposez jouir du mal que je puis

  1. Charles-Gilbert Romme (1750-1795), député à la Convention, un des « derniers Montagnards », décapité le 17 juin 1795, était l’ami de Bosc, de Lanthenas, de Bancal, de Dulaure.

    Il est bien regrettable que ce billet ne soit pas daté. Il nous renseignerait mieux sur une des tentatives, encore maintenant si mal connues, qui furent faites, d’octobre 1792 à mars 1793, pour rapprocher les deux grands partis de la Convention. Remarquons toutefois qu’ici l’entreprise n’a qu’une portée restreinte, puisque Romme demande précisément que ni « ces MM. de la Gironde, ni Brissot ne soient à l’entrevue ». Il s’agit plutôt de ramener Roland et « ses autres amis ».

    L’événement se place forcément dans les trois derniers mois de 1792, car, à partir de janvier 1793. Lanthenas, on va le voir, était en trop mauvais termes avec Madame Roland pour pouvoir servir d’intermédiaire. Nous mettrions volontiers ce billet dans la seconde quinzaine d’octobre, alors que Romme et Lanthenas venaient d’être élus ensemble (le 13 octobre) au Comité de l’instruction publique (J. Guillaume, Procès-verbaux du Comité d’instruction publique de la Convention, t. I, Introd., p. iv).

  2. Ms. 9533, fol. 267-268. — Sur l’adresse, de la main de Madame Roland : « Pour Monsieur Lanthenas ». En marge, de deux écritures différentes : « 1792 » et « n° 2 ».