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Page:Roland Manon - Lettres (1780-1793).djvu/1299

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Vous ne sauriez croire combien je songe à vous depuis ce matin. Je suis persuadée que vous êtes l’un de ceux qui s’occupent davantage de mes vicissitudes.

Me voici en bonne maison pourtant qu’il plaira à Dieu. Là, comme ailleurs, je serai assez bien avec moi-même pour ne guère souffrir des changements. Il n’y a pas de puissance humaine capable d’enlever à une âme saine et forte l’espèce d’harmonie qui la tient au-dessus de tout.

Je vous embrasse cordialement ; à la vie et à la mort, estime et amitié.


Roland, née Ph.

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LA CITOYENNE ROLAND À LA CONVENTION NATIONALE.
De la prison de l’Abbaye, le 1er juin 1793[1].
Législateurs,

[Je viens d’être arrachée de mon domicile, des bras de ma fille âgée de douze ans, et je suis détenue à l’Abbaye en vertu d’ordres qui ne portent

    vous honore et vous chérit de tout son cœur ». (Lettre du 27 mai 1791 ; cf. lettres 449, 450, 461, 465.) — La formule employée ici ne peut aller qu’à Lanthenas ou à Bosc. Or, Lanthenas, en juin 1793, était rayé de l’amitié de la prisonnière. Reste Bosc, à qui elle écrit sans cesse en ces termes de fraternelle familiarité : « Je vous embrasse tout rondement, en ami, en patriote » (16 avril 1790). « Adieu ; citoyenne et amie, à la vie et à la mort » (20 décembre 1790). Nous pourrions citer vingt autres exemples de ces formules avec Bosc. D’ailleurs, ce n’est que lui qui avait pu donner de billet à Barrière.


    Des mains de Barrière, l’autographe a passé par diverses ventes :

    1° Vente de la collection Achille Devéria (no 106), du 7 avril 1858, Aubry, expert. Le catalogue dit simplement : L. ant., 2 p. in-8o.

    2° Vente faite par J. Charavay (no 1044), le 7 décembre 1865. On est au lendemain des révélations des célèbres lettres à Buzot, aussi le catalogue n’hésite-t-il pas à dire : « Billet à Buzot… ».

    3° Vente de la collection Dubrunfaut (VII° série, Révol. franç., no 578), 19-21 mars 1855. Ici le catalogue donne encore le nom de Buzot, mais suivi d’un point d’interrogation.

    La pièce appartient aujourd’hui à M. Victorien Sardou.

  1. Bosc, I, 17 ; Faugère, I, 28. — Ms. des Mémoires, Biblioth. nation., 13736, fol. 18. — La lettre originale est au Musée des Archives nationales, vitrine 125, n° 1360. Le passage entre crochets est celui que Madame Roland substitua, sur le conseil de ses amis, Champagneux et Grandpré, à une première rédaction plus longue et plus vive (Mém., I, 31-32).