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La femme de ton associé[1] est venue voir Sophie ; elles sont souvent ensemble et ton amie parle de toi tendrement ; elle s’imagine que son mari est avec toi dans ce moment et te prie de lui remettre la ci-jointe.

Joséphine change de situation, mais tu n’as pas oublié la petite Boufflers[2] et tu pourras lui écrire pour ta Sophie, car elle connaît bien notre vieil oncle, et moi, je n’ai rien de fixe que ma liaison avec elle.

Adieu ! oh ! comme tu es aimé !


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[À MONTANÉ, À LA FORCE[3].]
11 septembre [1793, — de Sainte-Pélagie].

M. X…[4], prisonnier à la Force, faisait demander avec inquiétude à sa femme, prisonnière à Sainte-Pélagie, était vrai que le général Biron[5] allât dans le quartier des dames ?

  1. Nous inclinerions à croire que expression désigne Mme Petion, emprisonnée à Sainte-Pélagie depuis le 9 août.
  2. Nous ne savons qui est Joséphine. Mais « la petite Boufflers » désigne certainement la sœur Sainte-Agathe, qui, sortie de son couvent par suite de la Révolution, était venue habiter autour de Sainte-Pélagie et voyait la prisonnière. — Voir appendice U.
  3. Publiée en partie par Mlle Clarisse Bader dans le Correspondant du 10 juillet 1892. — Nous donnons le texte complet, d’après une copie que Mlle Bader a bien voulu nous envoyer.

    Il y en a une copie au ms. 9533, fol. 224-225.

    L’original, provenant des papiers de Barrière, a fait partie du cabinet de M. Noël Charavay.

  4. X… désigne Montané, ancien président du « tribunal criminel extraordinaire ».

    Jacques-Bernard-Marie Montané, juge de paix à Toulouse, ami du représentant Delmas (député de la Haute-Garonne), avait été élu, le 13 mars 1793, président du redoutable tribunal institué le 10 (P.V.C.). À la suite de deux irrégularités commises par humanité (Wallon, I, 263-264), il avait été renvoyé lui-même devant le tribunal et incarcéré à la Force (30 juillet). Mais Fouquier-Tinville, qui lui avait quelques obligations, s’arrangea pour l’oublier dans sa prison, d’où il sortit après le 9 thermidor.


    Sa femme, Toulousaine comme lui, et cousine germaine de Bonnecarrère (l’ancien factotum de Dumouriez), avait été incarcérée en même temps que lui, « par mesure de sûreté », mais à Sainte-Pélagie (Mém., I, 184-185).

  5. Armand-Louis de Gontaut-Biron, d’abord duc de lanzun, puis duc de Biron, député de la noblesse du Quercy à la Constituante, général d’armée en 1792 et 1793, destitué le 11 juillet, et aussitôt incarcéré,