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rances qu’on lui avait données. Mais Trudaine ajoutait de sa main, dans la lettre de notification, que c’était « en attendant une occasion plus favorable ». En outre, M. de. La Belouze, conseiller au Parlement de Paris, cousin de Roland, étant allé entretenir le Ministre du désappointement de l’inspecteur, Trudaine répondit « qu’il le rapprocherait bientôt, mais qu’il avait de bonnes raisons pour le faire voyager ; qu’il voulait que M. Roland s’instruisit dans toutes les parties ; que son intention était, par la suite, de le faire inspecteur général. » Il ajoutait une gratification pour les frais de déplacement.

Roland ne quitta pas la Normandie sans avoir remis à son administration « un mémoire très détaillé et une balance du commerce, pendant la suite de dix années qu’il y était resté, de tous les objets de fabrication qui pouvaient avoir rapport à son inspection ».


§ 3. Clermont-de-Lodève.

La nomination, annoncée dès le 4 janvier, ne fut pourtant officielle que le 1er mai (Invent. Arch. Hérault, C 2532). C’est donc seulement au cours de l’été que Roland partit pour le Languedoc « où les manufactures et le commerce étaient dans un état de délabrement et une commotion horribles… » Sa résidence était, non pas à Lodève, comme le disent les biographies, mats à Clermont-de-Lodève (aujourd’hui Clermont-l’Hérault). Il se trouva là sous les ordres de Jean-Emmanuel de Guignard, vicomte de Saint-Priest, Intendant du Languedoc depuis 1751, et qui, précisément en cette année 1764, venait d’obtenir comme adjoint son fils Marie-Joseph-Emmanuel de Guignard de Saint-Priest. Le père et le fils témoignèrent à Roland beaucoup de bienveillance, même après qu’il eut quitté le Languedoc, qu’ils continuèrent à administrer, le père jusqu’à sa mort (1785), le fils jusqu’à sa retraite (1786). On trouve aux Papiers Roland (ms. 6243, fol. 5) un certificat très élogieux, du 14 janvier 1782, délivré par eux à Roland.

C’est à Clermont-de-Lodève que Roland commença des recherches d’ordre général : « Plus d’acquis, plus de liberté en Languedoc y étendirent mes vues ; dès lors, je compris que toutes les productions de la nature, comme celles des arts, étaient du ressort d’un inspecteur. Je crus que son zèle, comme ses connaissances, ne devaient trouver de bornes que là où il ne restait plus de bien à faire… » Il finit par tomber malade d’excès de travail : « Déjà les jours ne suffisaient pas pour les ateliers à visiter, les notes à prendre, les troubles à pacifier, les mémoires à rédiger ; la plus grande partie des nuits fut employée à une correspondance journalière et très serrée sur nombre d’objet. Une affreuse maladie me conduisit aux portes du tombeau… ».

Il est convalescent en avril 1765, car Trudaine lui mande alors de penser à rétablir sa santé et lui promet de proposer au contrôleur général de le placer ailleurs ; en janvier 1766, même promesse ; en mai il lui écrit : « J’entrevois, Monsieur, que la place d’inspecteur des manufactures à Amiens pourrait bien devenir vacante ; j’ai jeté les yeux sur vous pour la remplir, et je me persuade que vous vous en acquitterez bien. Je ne voudrais cependant pas vous proposer à M. le contrôleur général sans savoir de vous si elle pourra vous convenir ; mandez-moi naturellement ce que vous en pensez. »

Roland accepte et est nommé presque aussitôt, le 16 juillet 1766 (Invent. Arch. Amiens,