AA 23, fol. 20). Il avait de la morosité dans l’esprit, témoin la lettre, à la fois ferme et bienveillante, que Trudaine dut lui adresser peu après (10 août) :
« Je suis très surpris, Monsieur, que vous vous soyez laissé aller aux mauvais propos qui vous ont été tenus. Lorsque le roi veut bien vous donner une place d’inspecteur d’une grande province au lieu de celle de sous-inspecteur d’une seule ville, il parait bien qu’il est content de votre conduite, et, en particulier, c’est l’estime que j’ai pour vous qui m’a déterminé à vous proposer pour l’inspection de la Picardie. Venez donc au plus tôt vous mettre en état de la remplir, et défiez-vous toute votre vie de ceux qui ont pu vous tenir les mauvais discours que vous me mandez. Vous pouvez même faire usage de ma lettre pour faire voir combien ils sont déplacés. » (Mém. des services.)
Avant de s’éloigner du Midi, Roland alla faire un voyage d’études en Provence (septembre 1766, ms. 6242), puis il revint prendre congé de ses administrés et de ses chefs. Déjà M. de Saint-Priest l’avait signalé au contrôleur général comme « un sujet de distinction », déclarant que, s’il était le maître, Roland n’irait pas chercher si loin son avancement, et que « le bien de nos manufactures exigerait qu’il restât dans la province » (Invent. Arch. Hérault, C 2532) ; au moment du départ, le 20 octobre, l’Intendant écrit de nouveau au contrôleur général : « Je ne puis laisser partir le sieur Roland de La Platière… sans vous témoigner de nouveau combien j’ai été satisfait de son travail et de sa conduite, etc… », et, le même jour, à l’Intendant de Picardie, Maynon d’invau : « J’ai été si content, Monsieur, de la conduite et du travail du sieur Roland de la Platière pendant tout le temps qu’il a passé en Languedoc, que je me fais un vrai plaisir de lui rendre auprès de vous la justice que je lui dois… Je le regarde comme un sujet de distinction et en qui vous pouvez certainement avoir toute confiance relativement à la place… ».
La veille (19 octobre 1766), tous les gardes-jurés du corps des fabricants de Clermont avaient écrit à Roland ; « Nous osons nous flatter que, quelque part que vous soyez, vous voudrez bien ne pas oublier des négociants qui auront soin de perpétuer votre mémoire à leurs descendants et que vous voudrez bien en toute occasion protéger un commerce que vous avez rétabli par beaucoup de travaux… » Un des plus considérables fabricants lui écrivait en particulier : « Vous avez fait le bien de cette jurande, qui devait vous posséder plus tôt ou ne pas vous perdre ». (Mém. des services.) On sent là des accents sincères.
« Arrivé à Paris, je reçus du Conseil de nouvelles marques de la satisfaction de mes services et les secours nécessaires pour remplir des engagements forcés par une maladie très coûteuse, beaucoup de marches et un long voyage. »
Aux premiers jours de décembre. Roland était installé à Amiens (Ivent. Arch. Somme, C 245 : « Assemblée de notables tenue le samedi 6 décembre 1766, afin d’exposer à M. Roland de La Platière le véritable état de notre manufacture… »).
Malgré le bon accueil reçu en Languedoc, c’est à Rouen que Roland avait vécu les plus belles heures de sa jeunesse, noué ses plus solides amitiés ; c’est là qu’aux jours de l’abandon il viendra se réfugier et mourir. Passons donc en revue les amis de Rouen dont les