noms reviendront si souvent dans la Correspondance et dont quelques-uns avaient formé avec lui une sorte de petite société littéraire[1], où chacun portait le nom d’un philosophe de l’antiquité, — tous ces jeunes gens se sentant encore trop petits compagnons pour aller frapper à la porte de l’Académie de Rouen[2].
1° D’abord, l’abbé Athanase Auger (1734-1792). Professeur de rhétorique au collège de Rouen en 1761 (après l’expulsion des Jésuites), nous le voyons, dès 1776, rangé parmi les professeurs émérites (Inv. Arch. Seine-Inférieure, t. I. Arch. civiles, D 88), sans doute après que M. de Noé, grand vicaire de l’archevêque de Rouen, nommé évêque de Lescar (1763), l’eut pris à son tour comme grand vicaire et emmené dans son diocèse. Membre de l’Académie de Rouen en 1763, il commença en 1777 à publier sa traduction de Démosthène et entra en 1781 à l’Académie des Inscriptions. Roland, voulant être nommé correspondant de cette compagnie, écrit à son ancien ami, le 1er octobre 1783 (ms. 6243, fol. 119-121) : « …Longtemps nous habitâmes le même pays ; nous y avons eu les mêmes connaissances ; vous y étiez Démosthènes et moi Thalès… ». Un autre lettre de Roland, du 14 décembre 1783, nous apprend que Lanthenas était alors leur ami commun. Le 6 mai 1787, Roland écrit encore à Auger (ibid) : « Je serai flatté d’ajouter, en tête du premier ouvrage que je publierai… à quelques titres académiques, le nom de la savante compagnie dont est membre notre ancien et très cher Démosthènes… ».
Auger, qui devait résider peu a Lescar (les lettres de Roland lui sont adressés à Paris, rue des Fossoyeurs, faubourg Saint-Germain, et les Almanach royaux donnent la même adresse), ne paraît guère s’être souvenu alors de Roland. Mais en 1791, ils se retrouvèrent autour de Brissot. Le Patriote français du 25 novembre 1791, annonçant la prochaine apparition de la Chronique du mois, énumère, parmi les rédacteurs, Condorcet, Auger, Brissot, Lanthenas[3], etc. Une mort prématurée (7 février 1792) enleva Auger à ses amis ; mais le Patriote resta fidèle à sa mémoire et annonça et recommanda ses œuvres posthumes (nos des 25 avril et 21 août 1792).
2° L’abbé Jean-Baptiste Cotton-Deshoussayes (1727-1783), docteur en Sorbonne, était entré lui aussi au collège de Rouen en 1761 comme professeur de théologie (Inv. Arch. Seine-Infér., série D, 48) et en 1775 avait déjà passé dans les émérites. Il fut de l’Académie de Rouen en 1767 et, après en avoir été secrétaire, avait pris rang parmi les « vétérans »[4].
En 1781, il fut nommé bibliothécaire de la Sorbonne : « Que dit-on, là-bas, du docteur-bibliothécaire ? » écrit Roland, de Paris, le 6 février 1781, à sa femme, alors à Rouen. Puis, le 22 novembre suivant : « Je ne sais si je t’ai dit que l’abbé Deshoussayes retourne décidément à Rouen ; que l’intérêt, le seul intérêt, le pousse hors de la Bibliothèque de la Sorbonne et qu’il a avoué à quelqu’un qu’il n’avait pris la place que pour le titre d’ancien bibliothécaire. Je ne l’ai pas vu et il parait qu’il ignore que je suis à Paris. Mais nous nous
- ↑ Mém., II, 239, note de M. Faugère.
- ↑ Nous allons voir que Roland s’y appelait Thalès, l’abbé Auger Démosthènes, Michel Cousin Aristote, Cousin-Despréaux Platon, etc…
- ↑ Cf. Hatin, Bibliographie, p. 203, et Histoire de la Presse, V, 286 ; Tourneux, Bibliogr., 10723.
- ↑ Tableau de Rouen, 1777, p. 430.