Page:Roland Manon - Lettres (1780-1793).djvu/1567

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voit d’ailleurs qu’en juillet Madame Roland est au courant de sa situation et en informe Buzot. À la fin de septembre, elle communique avec le prisonnier de l’Abbaye par l’intermédiaire d’un ami commun, Mentelle. Cet excellent homme, dont nous avons démontré l’identité avec Jany, son mystérieux correspondant des derniers temp[1], mais auquel nous n’avions pas rendu une justice suffisante, va faire l’objet d’un Appendice particulier. Dans ces lugubres mois de septembre et octobre 1793, il allait de l’Abbaye et de la Conciergerie à Sainte-Pélagie, de Brissot à Madame Roland, leur portant des consolations, des nouvelles du dehors, recevant le dépôt périlleux de leurs manuscrits (lettres 545, 550), essayant vainement d’émouvoir en leur faveur les Parisiens tremblants. Nous avons vu que Bosc se prodiguait de même, pénétrant à Sainte-Pélagie tant que ce fut possible, puis, pendant qu’on jugeait et exécutait Brissot, assistant sa malheureuse famille. Le dévouement de ces deux amis de Madame Roland, l’un de la première, l’autre de la dernière heure, fut le dernier lien entre les deux prisonniers.

  1. Révolution française de janvier et mars 1896.