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créer à Clermont un Lycée (le plan de Condorcet proposait sous ce nom ce que nous appllerions aujourd’hui une Université[1]).

Mais il attendait toujours des nouvelles de Paris. Madame Roland, en lui annonçant le 23 mars la formation du ministère Brissotin, lui avait déjà dit qu’on avait songé à lui pour le ministère de la Justice. Bosc, dans ses lettres, tout en lui donnant des nouvelles du petit domaine de Sainte-Radegonde, dont il s’occupait pour le compte de l’absent, l’engageait à revenir et l’entretenait des mêmes espérances : « Madame Roland nous a parlé du projet qu’on avait eu sur vous pour le ministère de la Justice. Hier, Lanthenas me sondait pour savoir si vous accepteriez la place de secrétaire général de ce ministère… » (lettre du 12 avril). « J’étais invité à aller dîner chez Roland, pour causer de votre personne » (lettre du 26 mai). Enfin, le 30 mai, arrive une lettre de Roland rappelant d’urgence Bancal à Paris (voir Avertissement de l’année 1792). La fraction avancée du ministère, Roland, Clavière et Servan, voulait évincer l’autre (Duranthon et Lacoste), et l’on songeait définitivement à Bancal. Il accourut donc et arriva à Paris le 6 juin…[2] pour assister, le 13, au renvoi de Roland !

Il resta à Paris deux mois et demi, entretenant une correspondance active avec la municipalité et la Société des Amis de la Constitution de Clermont[3], — allant aux Jacobins (séances des 13 et 25 juin, Aulard, t. III, p. 690. et t. IV. p. 46), — travaillant, à Paris comme en Auvergne, à préparer la revanche de ses amis. Quand cette revanche fut venue au Dix août et que l’Assemblée eut décrété l’élection d’une Convention nationale, il quitta Paris, le 20 août, pour aller à Clermont poser sa candidature[4]. Cette fois, le succès n’était pas douteux : officier municipal de Clermont, représentant du système qui venait de triompher, ami intime de Roland, dont la polarité était alors immense dans les départements, Bancal fut choisi comme président de l’assemblée primaire de Clermont, puis comme secrétaire de l’assemblée électorale de Riom, et enfin, le 7 septembre, élu député à la Convention, le 7e sur 12 avec Couthon, Maignet, Romme, Soubrany, Thomas Paine et Dulaure, tous ses amis à cette heure de la Révolution.

Il arriva à Paris le 16 septembre ; Madame Roland, entre le double péril des massacres des prisons et de l’invasion prussienne en Champagne, le rappelait à grands cris (lettres des 30 août, 2, 5, 9 et 11 septembre).


§ 10. À la Convention.

Le rôle de Bancal à la Convention fut assez effacé[5]. Estimé de tous pour sa probité palitique, aimé pour la courtoisie de ses manières, il était considéré un peu comme un

  1. Il s’en occupait encore plusieurs mois après. Il y a, dans la collection Picot, une lettre intéressante, du 28 août 1792, que Brissot lui adressa à ce sujet.
  2. Mège, P. 212.
  3. M. Mège a publié ses lettres, p. 212-237.
  4. À peine y était-il arrivé qu’il recevait une lettre de Lebrun, Ministre des affaires étrangères, du 26 août, lui proposant une mission en Angleterre (Mège, p. 57 ; collection Picot). L’ambassadeur anglais avait quitté Paris le 23 août ; on pensait que Bancal, par ses relations avec les libéraux anglais, pourrait retarder la rupture. Mais il préféra être député.
  5. Il continua à correspondre fidèlement avec la municipalité de Clermont (Mège, p. 237-274).