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M. de Vin me donnera une soixantaine de bouteilles ; c’est peu, mais je m’en aiderai.

Je n’ai pu ravoir encore le rabat, ni faire par conséquent aucune expérience ; les demelles Cnt [Cannet] m’ont écrit, ne pouvant venir, que la fille à laquelle on avait prétendu donner le secret savait que l’apprêt se faisait avec de l’indigo et de la gomme, fondus dans de l’eau et appliqués avec un pinceau ; que son embarras avait été en mettant les rabats tremper, parce que l’ancienne teinture s’était alors étendue sur les bords d’où il lui avait été impossible de l’ôter ensuite parfaitement ; de sorte que le rabat, bien d’ailleurs, n’était pas mettable. Il suivrait de ce récit que le secret consisterait à prémunir les bords dans le nettoyage, et il paraîtrait que la bonne femme nous l’a caché[1].

Il y a du changement dans le Ministère[2] ; l’administration du commerce s’en ressentira-t-elle ? Vois-tu ou prévois-tu quelque chose là-dedans qui puisse t’intéresser ? Ne verras-tu pas M. de Machy[3], M. Pasquier[4] ? N’oublie pas d’examiner le soufroir ; tu me le décriras, et j’en ferai faire un petit pour mon usage.

On trouve quelquefois d’occasion à Paris des morceaux de tapisserie de haute ou basse lice, déjà vieille, mais bonne à faire tapis et à bon

  1. Voir lettre du 18 novembre 1781.
  2. Maurepas venait de mourir, 21 novembre 1781.
  3. Jacques-François Demachy (1728-1803), pharmacien et chimiste, censeur royal, rue du Bac (Alm. royal de 1783, p. 494). Roland, dans ses Lettres d’Italie, t. IV, 24° lettre, p. 47, s’adressant à Marie Phlipon, lui parle « des cours de chimie que j’ai suivis dans votre capitale et dont je vous ai laissé les cahiers en partant ; cahiers faits sous les leçons d’un homme qui me les a rendus chers par l’amitié qui les dicta, de M. Demachy enfin… » Voir sur ce chimiste-littérateur, qui rejeta constamment la doctrine de Lavoisier, mais qui en revanche collabora assidûment à l’Almanach des Muses, l‘article de la Biographie Rabbe. Il publia, dans la collection des Arts et Métiers : L’Art du distillateur d’eaux fortes ; L’Art du distillateur liquoriste.
  4. Pierre Pasquier (1731-1806), né à Villefranche-en-Beaujolais, compatriote de Roland, était un peintre en émail alors célèbre ; agréé à l’Académie royale de peinture et de sculpture en 1768, reçu académicien en 1769, sur les portraits en émail de Louis XV et du roi de Danemark, il exposa, sans interruption, de 1769 à 1783. Il avait fait à Ferney, en 1771, la miniature de Voltaire (Bellier de la Chavignerie, Dict. général des artistes de l’École française, 1885, 2 vol. in-8o). Il avait son logement aux Galeries du Louvres (Alm. roy. de 1783,