Dites-lui encore que je suis toujours la sorella sua ; e di voi che ? L’amica.
Adieu.
J’ai écrit hier à mon frère[2], à toi ; mais j’ai pris la douce hahitude de t’écrire tous les jours, et, semblable à ceux qui supportent plus aisément les maux de chaque journée quand ils ont fait leur offrande aux dieux, je soutiens mieux ton absence en répandant chaque matin mon cœur devant toi. Je crains aussi les retards et ton inquiétude ; je prierai l’actif ami M. d’Ant[ic] de te faire passer la présente. Je te dirai, pour ton édification, que je viens de la messe avec la petite bonne, plus douce, plus affectueuse que jamais et dont le service n’a pas besoin de comparaison avec celui de sa compagne pour me plaire infiniment. Mais il faut ajouter, pour l’intégrité de ma confession, que je vais dîner chez ma voisine avec cinq ou six hommes, ma petite santé ne s’arrangeant pas des soupers, quoique mon goût s’en accommodât mieux ; mais je collationne à sept ou huit heures, suivant le besoin, quelquefois un peu plus tard, et je suis couchée à dix heures. J’ai pris l’air hier sur le rempart, en revenant de voir Mme Baudeloque[3] : brave femme, enchantée de ma visite, et que j’ai été fort aise de rencontrer.
Mme Miot a pourtant écrit depuis peu à sa mère, qui parle de l’état de sa fille avec la tranquillité que tu lui connais : bonne tête, mais point d’entrailles !! Je ne saurais l’aimer. Il cavalière servente est retombé dans les accès de cette profonde mélancolie où nous l’avons déjà vu plongé ; j’ai causé plus d’une heure avec lui chez la dame hier : son cœur est en souffrance, ses yeux annoncent autre chose que de la tristesse, il a l’air