Page:Roland Manon - Lettres (1780-1793).djvu/324

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Adieu, cher ami, je t’embrasse, j’embrasse mon frère ; mille choses aux voisines[1]. La petite est sempre la mia pazzia. Adieu.

Salut, joie, amitié et tranquillité[2]. C’est tout ce que je vous mande aujourd’hui. J’ai arraché hier à une vergette de chiendent le petit morceau de collet ci-joint, qui prouve bien démonstrativement que c’est une racine et non une panicule. Ce morceau est précieux et peut mettre sur la voie.


71

[À ROLAND, À CRESPY[3].]
Mercredi, 5 février 1783, — [d’Amiens].

Non, mon cher maître, je ne prendrai pas la poste, d’après votre recommandation que m’a fait passer l’ami Lanthenas ; je m’attendais bien à quelque chose de semblable, car cet austère silence est une chose méditée depuis longtemps : encore une fois, briccone, ce n’est pas par pénitence ce que vous en faites. Au bout du compte, je ne sais trop si je calcule bien, mais je crois la présente être la dernière que tu recevras de moi a Crespy ; arrange-toi aussi là-dessus, et ne va pas arriver à franc étrier. J’ai écrit hier à ton frère, par indulgence pour toi, afin de ne pas t’assommer chaque jour d’une épître maritale ; n’est-ce pas très bien vu ? Je n’ai point encore reçu de caisse ; le voisin attend avec impatience ; je lui ai lu hier ta lettre à P[anckoucke]. Il la trouve bien dans tes principes, mais il la juge très inutile quant à l’homme et à la chose. J’ai vu chez lui, dimanche, tous les hommes

  1. Nous ne savons de quelles « voisines » il peut être question.
  2. Lignes ajoutées de la main de Bosc pour Roland, à qui il transmettait la lettre. Il s’agissait de rechercher, pour l’article Crin, brosse, pinceau du Dictionnaire de manufactures, d’où provenait le « chiendent » dont on faisait alors des brosses et vergettes. Voir Dict. des manuf., I, 232 ; Roland avait consulté Daubenton, Thouin, etc., inutilement. — Cf. lettre suivante, du 5 avril 1785.
  3. Ms. 6238, fol. 242-243.