Page:Roland Manon - Lettres (1780-1793).djvu/392

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laissée sur son bureau, promit de la rapporter le soir, s’il la trouvait ; je ne l’ai point revu. Je me hâte de t’en prévenir ; au cas que la lettre que tu m’envoyais concernât nos affaires, tâche d’y suppléer en me mandant son contenu, car c’est maintenant une chose perdue, ainsi que ce dont tu l’avais accompagnée, dont bien me fâche. J’ai demandé à M. d’Antic des nouvelles de ce qui l’intéresse : de bien mauvaise, ce fut sa réponse ; il m’échappa comme l’éclair fuit, je n’eus pas le temps de savoir s’il avait reçu et t’avait expédié ce matin la lettre que je lui avais adressée pour toi, où je te rendais compte du voyage de Versailles ; il avait l’air d’être hors de lui et de n’avoir point sa tête. D’après mon récit et mon inquiétude partagée, le frère alla s’informer chez M. d’Antic père de l’état de sa santé ; on lui dit qu’il était un peu mieux, que la nuit avait été meilleure ; je n’entends rien à la disposition du fils.

J’ai reçu Mlle  de la Blz. [Belouze] hier au soir, à six heures ; nous avons beaucoup causé : elle a l’air plus ouvert et plus communicatif que je lui aie encore vu ; elle a beaucoup regretté que nous fussions si éloignées et m’a témoigné de l’amitié d’un ton vraiment affectueux.

Flesselles a couru inutilement encore pour rejoindre son homme ; tu vois que les affaires ne vont pas vite dans ce malheureux pays ; les jours, les semaines même s’écoulent avant qu’on ait recueilli les informations dont on espère des lumières pour se décider et agir.

Je n’ai été chez personne ; je m’occupe à faire des copies de mémoires pour le besoin que je souhaite en avoir, quoique je n’en sois pas sûre.

L’ami Lanthenas soupe avec moi ; nous causons, c’est le moment de distraction, de délassement. Je n’ai pas eu l’instant de faire encore de l’anglais ; je n’ai fait voir à la bonne que Sainte-Geneviève et le Luxembourg en courant.

Le frère avait pour moi une lettre d’Agathe qu’il m’a remise ; elle m’apprenait la mort qu’elle avait apprise par un billet ; elle avait aussi précédemment reçu une visite de mon p. [père], qui se trouve bien