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Page:Roland Manon - Lettres (1780-1793).djvu/393

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malheureux de ne me pas voir, etc. ; mais a tout cela j’avoue n’y trouver rien de mieux que ce que tu dis.

Je t’écris dans mon lit ; il fait toujours bien froid et mes yeux me chiffonnent un peu. Mlle de la B[elouze] m’a trouvée bien logée ; effectivement, mes deux chambres, dont la première a une grande alcôve pm couche la bonne et qui sert à resserrer tout ce qu’on veut cacher, mes deux chambres ont un air décent.

Bonjour, mon cher ami, je t’embrasse avec ton petit poussin ; aie bien soin de toi et donne-moi de tes nouvelles.

M. d’Eu, en écrivant à M. d’Antic de la magnétisation à laquelle nous allions, faisait le docteur en homme endoctriné par Legrand ; et cela devait réussir auprès de l’ami D.[d’Antic] qui est anti-magnétique par une raison toute simple. Le frère se propose de voir cela dans notre ville. Adieu, adieu, je t’embrasse de tout mon cœur.


103

À ROLAND, [À AMIENS#1.]
Jeudi, 25 [mars 1784. — de Paris].

Ne m’écris plus que directement, mon bon ami ; M. d’Antic est hors d’état de veiller [à] notre correspondance ; il passe les nuits et les jours près de son père qui est fort mal. Je ne le vois plus ; je n’ose, comme tu peux penser, me présenter dans une maison où l’on n’a point encore vu mon visage, dans un instant si fâcheux. Mlle d’Antic est aussi préoccupée qu’affligée, et, pour comble de douleur, le fils unique de cette dame que tu as vue, et qui demeure avec eux, est près de sa fin amenée par une cruelle maladie qui le retient sur le grabat depuis le commencement de l’hiver. Tout est en pleurs dans cette maison où j’irais avec eux répandre les miens, si plus de connaissance avec les femmes m’en donnait le privilège.[1]

  1. Ms. 6239, fol. 10-11