Page:Roland Manon - Lettres (1780-1793).djvu/550

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

157

[À BOSC, À PARIS[1].]
Vendredi, 13 août 1784, — [d’Amiens].

[ Vous auriez bien mal jugé, en vérité, si vous eussiez cru que je misse assez d’importance à mon Journal pour répugner à vous le communiquer ; comme vous ne pouvez le priser que par intérêt de la bonne amitié, il est fort à votre service ; mais aussi, comme il ne saurait être grand’chose pour autre qu’un ami, je vous prie de le garder pour vous seul et je vous l’expédie par la première occasion. J’ai pensé que ce serait vous faire vraiment plaisir que d’y joindre le résultat d’un voyage fait au même lieu, en 1771, par mon bon ami ; cela fut écrit au retour, currente calamo[2]. Je fis sa connaissance en 1775 ; il me communiqua peu après et ce voyage et d’autres, et divers manuscrits ; c’était en les lisant, tandis qu’il parcourait l’Italie, que j’écrivis la grande feuille isolée que vous trouverez et, ce qui est assez singulier, que lui-même n’a pas encore vue. Vous penserez que cette jeune solitaire qui étudiait son homme en le lisant commençait à ne le point haïr, et vous ne vous tromperez pas. Mais il pourra vous paraître plaisant que vous soyez le premier qui, après si longtemps, lise le jugement que je portais de sa personne en 1777[3].

Je lisais, dans ce même temps, un ouvrage de Delolme sur la Constitution de l’Angleterre, et je vous enverrais aussi, si je le trouvais, l’extrait que j’en fis alors. Mais, au reste, l’auteur vient d’en donner une nouvelle édition que j’ai vue à Londres, et que je vous invite à vous procurer comme le meilleur ouvrage, au jugement des Anglais mêmes, sur leur gouvernement.]

Vous trouverez dans ce paquet une lettre pour mon beau-frère, à

  1. Bosc, IV, 69 ; Dauban, II, 508 ; — ms. 6239, fol. 243-244.
  2. Voir Appendice E.
  3. Ce fragment ne se retrouve pas au ms. 6244 des Papiers Roland où sont rassemblé les écrits de jeunesse.