Aller au contenu

Page:Roland Manon - Lettres (1780-1793).djvu/554

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sans doute, beaucoup de choses et de courses à faire ; mais vous savez aussi trouver toujours des moments pour l’amitié. Comment se fait-il que vous gardiez le silence ? Nous sommes partis d’Amiens mercredi, après avoir dîné chez Mme d’Eu d’où nous ne sommes sortis qu’à plus de trois heures, à cause d’un terrible orage ; nous n’avons pas été au milieu de la rue des Jacobins qu’un des soutiens des crics de la voiture a cassé net ; nous sommes entrés chez un serrurier pour en faire mettre un autre ; le temps que cet accident nous a fait perdre, la pluie continuelle et les mauvais chemins ont été cause que nous ne sommes arrivés à Abbeville que vers dix heures du soir. La pluie a continué le lendemain et nous a accompagnés jusqu’ici, où nous sommes descendus à cinq heures de l’après-midi. Nous en repartons lundi, pour coucher ce même jour à Rouen, où nous passerons deux jours ; ainsi nous serons à Paris jeudi au soir, ou, tout au plus tard, vendredi. Nous comptons que vous aurez eu la bonté de nous arrêter notre logement à l’hôtel de Lyon ; celui que j’y occupais en dernier lieu nous serait le plus commode : on pourrait mettre un lit de camp à la place du canapé, et chacun trouverait sa place.

Donnez-nous donc signe de vie : un mot à Rouen, chez Mlle Malortie, rue aux Ours, mais ne tardez pas beaucoup, car nous le quitterons jeudi matin, et je n’aimerais point que vos lettres ne fissent que nous suivre à la piste. Je ne vous écris pas pour M. d’Antic ; je crains qu’il ne soit ou à la campagne ou absent de quelque manière, et que mon épître ne soit retardée. J’imagine qu’il y a eu quelque chose de semblable, puisque vous ne nous avez pas écrit ici, comme je vous l’avais demandé.

Je pense bien à vous au milieu de l’excellente famille où nous sommes, près de M. Despréaux que vous aimeriez singulièrement et dont les mœurs vraiment patriarcales attachent toujours davantage. Fratello carissimo, amateci sempre, che noi v’amiamo tanto che non si può exprimere ; addio, vi auguro pace, contento e tutto quel che c’è di buono e di bene.

Mille choses affectueuses à l’ami d’Antic sans oublier M. Parault.