prodigieusement retardés. Je suis portée à croire que la négligence de cet homme en est cause, parce qu’il lui arrive de ne rendre que vingt-quatre heures après leur arrivée des lettres qui lui viennent de Lyon et d’ailleurs, et cela dans une ville dont on fait les quatre coins en moins de demi-heure.
Je vois, par la dernière de mon ami, du 29 mai, que vous et lui n’aviez rien reçu depuis ma lettre du 18, tandis que j’avais écrit par tous les courriers, à vous, et souvent chez M. de Gallande ; c était par celui-ci que j’adressai, il y a quinze jours, un travail intéressant et considérable.
Telles que soient vos occupations, écrivez-moi du moins la date de ma dernière reçue, à mesure qu’il vous en parvient une ; je ne vous demande que cela, si vous ne pouvez rien de plus.
Quant à ma vengeance, je la crois déjà satisfaite depuis que j’ai jeté ma colère sur ce papier ; ne faites rien contre cet homme, jusqu’à ce que je sois assurée s’il y a réellement de la perte ou si ce ne sont que des retards. J’aurais regret toute ma vie d’avoir fait de la peine à quelqu’un, s’il n’avait pas mérité d’en avoir deux fois plus que je ne lui en ferais.
Vous n’avez donc pas reçu mon commentaire sur le tourtereau ? C’est grand dommage ! Je vous y habillais bien. Vous n’avez donc pas reçu des lettres pour l’ami Lanthenas ? Vous n’avez donc pas reçu l’épître où je peignais tout au long la douceur de ma vie champêtre ? Vous n’avez donc pas reçu mes lamentations sur mon lutin d’enfant ? [En vérité, je m’y perds ! Avez-vous reçu le sermon que je faisais à mon ami sur sa manière de voyager ? Avez-vous reçu ce que je répondais au gentil billet que vous terminiez en me disant adieu ou au diable ?
Eh bien, sur cette dernière réponse, il faut que je revienne, pour vous dire que toutes les fois que je me promène dans le recueillement et la paix de mon âme, au milieu d’une campagne dont je savoure tous les charmes, je trouve qu’il est délicieux de devoir ses biens à une intelligence suprême ; j’aime et je veux alors y croire. Ce n’est que