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Page:Roland Manon - Lettres (1780-1793).djvu/717

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l’étude d’une fleur me paraît préférable aux leçons de tous vos docteurs.

Parlez-moi donc de ce que j’aime, si vous voulez que je vous aime vous-même ; donnez-m’en des nouvelles, instruisez-moi de ce qu’il fait et répétez-le encore après me l’avoir déjà dit.

Je ne lui écris pas cette fois, parce que je ne sais où le prendre et que je crains de nuire à mes lettres, en grossissant le paquet que je vous adresse.

Au reste, il est très clair que notre directeur Huchard est un paresseux, qui me déplaît fort.

Adieu ; je vous aime, je vous hais, je vous prie, je vous gronde et je vous embrasse.

[1] Pour vous faire voir que votre tendre tourterelle n’est pas morte, mais que votre absence lui fait tourner la tête. Je lui ai écrit au moins deux fois par semaine, et elle se plaint ; ce ne peut être que le séjour du Clos qui interrompt ainsi la régularité de notre correspondance.

J’ai bien envie d’entreprendre Mme d’Eu qui va vous séduire, vous faire oublier, dans les agréments d’un déjeuner anglais, les affaires que vous avez à Paris et qui ne seront pas terminées. Écoutez, écoutez la voix de la raison, Monsieur ; pensez que votre tourterelle sèche sur pied et qu’elle mourra si vous retardez votre arrivée de trois jours seulement.


248

[À ROLAND, À AMIENS[2].]
Samedi, 10 juin 1786, après-midi, — du Clos.

Je l’ai reçue, cette lettre si désirée, si chère et si touchante[3] ; je suis partie après l’avoir lue ; je n’attendais plus qu’elle pour abandonner

  1. Post-scriptum ajouté par Bosc en transmettant la lettre à Roland.
  2. Ms. 6239, fol. 177-178.
  3. Voir au Papiers Roland, ms. 6240, fol. 256-261, cette longue lettre de Roland, datée d’Amiens, 3 juin. Mais les six folios